vendredi 25 juillet 2008

LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES (1961)

Titre original : One-Eyed Jacks
Réalisateur : Marlon Brando
Distribution : Marlon Brando (Rio), Karl Malden (Dad Longworth), Ben Johnson (Bob Amory), Pina Pellicer (Louisa), Katy Jurado (Maria Longworth), Slim Pickens (Dedrick, l'assistant du shériff), Larry Duran (Chico Modesto)...
Studio : Paramount
Durée : 2h21
Image : Couleur


affiche originale



Le thème de la vengeance est au centre de nombreux westerns, et ce premier film réalisé par l'acteur Marlon Brando en est certainement l'un des plus brillants représentants. La réalisation devait à l'origine être confiée à Stanley Kubrick, celui-ci débuta d'ailleurs le travail de mise en scène mais fut rapidement renvoyé par Brando, qui prit sa place derrière la caméra. On aurait pu craindre le pire, mais le manque d'expérience de l'acteur n'eut finalement aucune incidence sur le résultat final de ce western qui fera date dans l'histoire du genre.

Rio (Marlon Brando)
Le film s'appuie sur une scénario remarquablement élaboré, mettant en scène des personnages complexes, en opposition avec les clichés habituels. Rio (Marlon Brando), le personnage central de l'histoire, est en effet très éloigné du héros sans faille de la plupart des productions Hollywoodiennes. Au premier abord, ce personnage apparaît même avoir plus de défauts que de qualités. On le découvre menteur, manipulateur, mufle, arrogant, insensible, mais le déroulement de l'histoire nous confirme qu'il est sage de se méfier des apparences.

Dad (Karl Malden)
Tout commence au Mexique, où Rio et son ami Dad Longworth se sont fait une spécialité de l'allègement des coffres-forts des banques. Mais leur dernier casse tourne mal, les deux malfaiteurs sont pourchassés dans le désert par la milice locale. Lorsqu'ils se retrouvent pris au piège avec un unique cheval à bout de souffle pour deux cavaliers, face à une petite armée d'assaillants, Rio et Dad n'ont plus d'autre choix que de se séparer le temps que l'un d'eux aille chercher de nouvelles montures. L'homme de confiance sera Dad. Mais au moment de rejoindre son compagnon avec des chevaux frais, ce dernier prend le chemin de la trahison et décide d'abandonner Rio et de partir avec le butin de leur braquage. Conséquence de la traitrise, Rio est capturé par les Mexicains et envoyé au bagne.



Cinq longues années s'écoulent avant que Rio ne parvienne à s'évader. Cinq ans à ruminer son désir de vengeance. Rio se met alors à la recherche de son ancien partenaire, Dad. Il finit par le retrouver à Monterrey. Dad s'y est racheté une conduite, il est désormais shériff, respecté de tous dans la ville. Mais l'heure de la vengeance a sonné, Rio et Dad se livrent alors à un fascinant numéro du chat et de la souris, un poker menteur qui les mène droit à l'affrontement. Sans pitié...

Louisa (Pina Pellicer)

La violence née du désir de vengeance est entremêlée avec l'amour que Rio trouve auprès de Louisa (Pina Pellicer), la belle-fille de Dad. Leur relation amène le personnage de Rio à évoluer subtilement. Il se retrouve tiraillé entre sa fierté, sa violence, et son attachement pour Louisa. Son caractère antipathique s'estompe peu à peu, sans dénaturer le personnage. Cet aspect psychologique de l'histoire est une des grandes réussites du film. Aucun personnage n'est d'ailleurs tout blanc ou tout noir. Les motivations de Dad, elles aussi, sont ambiguës. Il semble favorable à l'apaisement jusqu'à ce que l'honneur de sa belle-fille ne se trouve entaché (et qu'il voit plus clair dans les motivations de son ancien ami). Bien que secondaire, le personnage de Bob Amory (Ben Johnson) est également difficile à cerner. Il s'agit certainement d'un des rôles les plus intéressants pour cet éternel faire-valoir de John Wayne.


Amory (Ben Johnson)

De nombreux intervenants se succédèrent à l'élaboration de cette adaptation d'un roman de Charles Neider. Outre Kubrick, le réalisateur Sam Peckinpah (Coups de feu dans la Sierra, Major Dundee, La Horde Sauvage...) travailla sur une des nombreuses versions du script.





D'une durée finale de 2H20, LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES dut subir une forte cure d'amaigrissement avant sa sortie en salle. On dit que le montage original de Brando dépassait les cinq heures. Cependant, les coupes franches qui durent être faites à la demande de la Paramount ne nuisent en rien à la fluidité de l'histoire, et encore moins à sa compréhension, bien que le résultat soit sans doute bien différent de l'idée originale de Brando, comme il le déplora à la sortie du film. Cette oeuvre maudite, accouchée dans la douleur et reniée par ses auteurs, fait aujourd'hui figure de classique.



Editions DVD : De nombreuses éditions ont vu le jour, mais à ce jour, aucune d'entre elles n'apporte entière satisfaction. Cependant, l'édition sortie dans la collection "Stars du western" (photo ci-dessus) est à préférer à toutes les autres. La qualité d'image est loin d'être optimale, les couleurs sont plutôt ternes, mais il s'agit de la seule édition proposant à la fois version originale sous-titrée et version française (dont on notera tout de même un gros cafouillage lors de la scène finale redoublée sans raison valable).

Les éditions ci-dessous sont quant à elles à proscrire absolument, la qualité d'image s'apparentant à celle d'une très mauvaise vhs :

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